jeudi 28 janvier 2010

Une aile qui frôle

Une aile qui frôle
Une heure qui passe
Une fleur s’éteint
L’autre s’allume

Tant de choses
Soulevées par le vent
D’une heure qui passe
D’une aile qui frôle

Un petit bout d’heure
Un court bruit d’aile
Un peu de poussière
La nôtre ou la leur ?

Un brin de musique
Un brin de silence
Une aile qui frôle
Une aile qui passe

Max-Pol Fouchet

lundi 25 janvier 2010

Au revoir, Gazelle

Gazelle, une amie blogueuse, nous a quittés. Je viens de l'apprendre il y a quelques instants.
Elle a lutté tant qu'elle a pu, avec beaucoup de courage. Elle est partie cette nuit, discrètement, sans faire de bruit.
Je ne la connaissais pas personnellement, mais ses billets, ses notes m'avaient permis d'apprécier en elle sa générosité, son humour, sa gentillesse, sa sincérité.
Douces pensées pour elle, et courage à toute sa famille et à tous ses proches.

dimanche 24 janvier 2010

Choisis toujours d'écrire... ou de dire...

Le 30 avril 1980, dans un accident de la circulation, Geneviève Jurgensen perd ses deux filles âgées de 4 et 7 ans. Elle écrit alors cette lettre qui me touche beaucoup et que je partage.

Si un de tes amis perd quelqu'un, écris-lui une lettre d'amour. Il en faut, des lettres, pour que la journée, la soirée passent quand même. On ouvre, on lit, on cherche dans les lignes le mot juste, on le trouve toujours. Si lointain que soit l'auteur de la lettre, il est là, vigilant, il t'aide à regarder la vie, il te dit qu'il sait, qu'il pense, qu'il garde, qu'il garantit. Les lettres cimentent les briques que posent les survivants. Ecris, écris, écris. Ne rate pas une occasion de le faire. Si tu as le choix entre écrire et ne pas écrire, choisis toujours d'écrire. Aucune lettre n'est déplacée. Nous en avons reçu de gens qui avaient entendu parler de nous par des amis communs, des gens que nous n'avions jamais vus. Tout est utile. Nous sommes, chacun d'entre nous, utiles à tous. J'ai gardé tout ce courrier et bien sûr ne l'ai jamais relu. J'ai oublié les mots. Des effort surhumains pour nous rejoindre dans la pauvreté du langage sont enfermés dans de grandes enveloppes à soufflets. Efforts fournis en vain ? Bien sûr que non. Tu m'aurais vue, guettant le courrier, ouvrant les enveloppes, lisant fébrilement, commentant, rangeant. Rêvant ensuite à ce qui m'avait été écrit. Y prêtant toute ma détresse. Les lettres pavaient le chemin entre mes filles et moi.
Geneviève Jurgensen

Paroles pour un adieu - Anne Jonas
Ed. Albin Michel, 2001


Il m'est arrivé, à moi aussi, lorsque des amis ou relations ont eu perdu l'un des leurs, d'hésiter entre le fait d'écrire ou de ne pas écrire, de dire ou de ne pas dire, et finalement, n'avoir fait ni l'un ni l'autre. Et je comprends maintenant combien sont importants les mots ou les paroles dans de telles circonstances, et combien ils sont utiles. Mais bien souvent, nous ne pouvons ressentir que lorsque nous avons été nous-mêmes touchés par la même douleur. Je l'ai moi-même constaté dernièrement.

mercredi 20 janvier 2010

Comme un légo

L'une des plus belles chansons d'Alain Bashung * :



"Cela n'a l'air de rien mais Comme un légo a des allures de grand classique de la chanson française depuis le début. Offerte sur un plateau à Alain Bashung pour son dernier album puis reprise par Manset lui-même sur son Manitoba monumental, il se pourrait bien que la chanson soit l'une des plus belles chansons françaises écrites... quoi ?... ces vingt dernières années. Habillée en 3 minutes et quelques sur scène ou en 7 en studio, "Comme un légo" a toutes les qualités : un texte étonnant, précis, ultraréaliste (des frites), poétique, engagé et universel, en même temps qu'une mélodie discrète, fantomatique et hypnotique." (Source --> ici)
Paroles de la chanson --> ici

* Alain Bashung qui nous a quittés lui aussi trop tôt en 2009 (mars)...

lundi 18 janvier 2010

Il nous faut naître deux fois...

Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu'un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l'âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans ce monde, la seconde balance l'âme jusqu'au ciel.

Christian Bobin

lundi 11 janvier 2010

Quand nous ne savons plus faire un seul pas

Quand nous ne savons plus faire un seul pas,
la vie, elle, sait comment poursuivre.
Là où nous désespérons de toute issue,
elle en propose des dizaines.
Il suffit de lui garder confiance.
Il suffit d'aller jusqu'à ce point en nous, si ténu
que le désespoir ne peut s'en saisir,
comme il fait du reste.

Christian Bobin
Extrait de : Paroles pour un adieu - Anne Jonas

vendredi 8 janvier 2010

Histoire de la libellule


Elles étaient si bien, dans le fond de l'étang, les petites larves. Elles formaient un groupe de trois amies, inséparables. Elles n'étaient pas les seules, bien sûr, il y en avait d'autres. Elles avaient d'ailleurs remarqué que, de temps en temps, certaines quittaient l'étang, s'élevant et disparaissant à tout jamais. Que leur arrivait-il donc ? Parlant de tout cela, nos trois amies se firent l'une à l'autre la promesse que, si un jour cela leur arrivait, elles feraient signe aux autres pour les informer de ce qui se passe là-haut.

Et ce jour arriva. L'une d'entre elles s'éleva, s'éleva... Elle tomba dans un profond sommeil et lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle découvrit un monde merveilleux : soleil, arbres, fleurs... Elle avait quitté l'étang. Et quelles transformations en elle ! Elle avait même des ailes toutes transparentes. Elle qui, jusque-là, n'avait fait que nager entre deux eaux pouvait maintenant voler en plein ciel. Après ce moment d'immense joie, elle se souvint de sa promesse. Elle voulut faire signe à ses amies. Avec sa petite tête, elle fit des ronds sur l'eau, comme si des gouttelettes tombaient à la surface. Les amies du fond de la mare les remarquèrent. «Que se passe-t-il donc ? Il ne pleut pas, et pourtant, il y a les petits cercles... » Notre amie, voyant qu'elle n'était pas comprise, essaya une autre technique : elle se mit à cueillir des feuilles et les sema à la surface. « Tiens, voilà maintenant des feuilles qui tombent, et ce n'est pas encore l'automne... » Comment donc communiquer si aucun des signes n'est compris ? se demande notre évadée. Fallait-il qu'elle plonge elle-même ? Mais ses copines larves n'avaient jamais vu une libellule. Elle n'aurait pas cru que c'était l'ancienne larve qui leur rendait visite.


Décidément, il n'est pas facile de parler aux autres d'un lieu où ils n'ont pas encore été. Il faudra donc que ses amies attendent leur propre transformation pour comprendre...


C.D.
Source :
http://issuu.com/

(à méditer...)

dimanche 3 janvier 2010

Bonne année 2010


Merci infiniment pour tous ces mots que vous avez déposés pendant mon absence (sous le billet précédent, par mail ou par courrier) ; ils me touchent beaucoup.

Je vous souhaite à mon tour une très bonne et heureuse année 2010.
Qu'elle soit la plus belle et la plus lumineuse possible !
Qu'elle soit heureuse, douce et tendre !
Que vos désirs les plus chers à votre coeur se réalisent !
Que l'amour et l'amitié vous entourent et vous réchauffent le coeur !

Je vous embrasse et vous remercie encore très fort pour votre présence.

FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne