dimanche 24 janvier 2010

Choisis toujours d'écrire... ou de dire...

Le 30 avril 1980, dans un accident de la circulation, Geneviève Jurgensen perd ses deux filles âgées de 4 et 7 ans. Elle écrit alors cette lettre qui me touche beaucoup et que je partage.

Si un de tes amis perd quelqu'un, écris-lui une lettre d'amour. Il en faut, des lettres, pour que la journée, la soirée passent quand même. On ouvre, on lit, on cherche dans les lignes le mot juste, on le trouve toujours. Si lointain que soit l'auteur de la lettre, il est là, vigilant, il t'aide à regarder la vie, il te dit qu'il sait, qu'il pense, qu'il garde, qu'il garantit. Les lettres cimentent les briques que posent les survivants. Ecris, écris, écris. Ne rate pas une occasion de le faire. Si tu as le choix entre écrire et ne pas écrire, choisis toujours d'écrire. Aucune lettre n'est déplacée. Nous en avons reçu de gens qui avaient entendu parler de nous par des amis communs, des gens que nous n'avions jamais vus. Tout est utile. Nous sommes, chacun d'entre nous, utiles à tous. J'ai gardé tout ce courrier et bien sûr ne l'ai jamais relu. J'ai oublié les mots. Des effort surhumains pour nous rejoindre dans la pauvreté du langage sont enfermés dans de grandes enveloppes à soufflets. Efforts fournis en vain ? Bien sûr que non. Tu m'aurais vue, guettant le courrier, ouvrant les enveloppes, lisant fébrilement, commentant, rangeant. Rêvant ensuite à ce qui m'avait été écrit. Y prêtant toute ma détresse. Les lettres pavaient le chemin entre mes filles et moi.
Geneviève Jurgensen

Paroles pour un adieu - Anne Jonas
Ed. Albin Michel, 2001


Il m'est arrivé, à moi aussi, lorsque des amis ou relations ont eu perdu l'un des leurs, d'hésiter entre le fait d'écrire ou de ne pas écrire, de dire ou de ne pas dire, et finalement, n'avoir fait ni l'un ni l'autre. Et je comprends maintenant combien sont importants les mots ou les paroles dans de telles circonstances, et combien ils sont utiles. Mais bien souvent, nous ne pouvons ressentir que lorsque nous avons été nous-mêmes touchés par la même douleur. Je l'ai moi-même constaté dernièrement.

18 commentaires:

  1. Belle lettre à laquelle je vais réfléchir car il m'est souvent difficile d'écrire dans ces cas là : peur de tomber à côté, de ne pas trouver les bons mots, de dire des choses inutiles parce qu'on ne peut jamais partager vraiment les douleurs d'une séparation.
    Merci Françoise pour ce partage qui incite à la réflexion.
    Bonne semaine. Je t'embrasse.

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  2. C'est vrai, j'avais oublié comme les lettres reçues quand j'ai perdu mon père m'avaient touchée. J'ai oublié, et je ne t'ai pas écrit, j'en suis toute désolée maintenant.
    Gros bisous.

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  3. Ce n'est pas pour faire des reproches, Godnat, que j'ai mis cette lettre de Geneviève Jurgensen (d'ailleurs, ce n'est pas vrai, tu m'as mis un petit mot sur mon blog Photos ;-)). Non, j'ai voulu mettre ce billet parce qu'au contraire, toutes les lettres que j'ai reçues, tous les mails, tous les petits mots déposés sur mon blog, ici ou ailleurs, tous les mots adressés verbalement, ont tellement été du réconfort pour moi qu'il fallait que j'en parle, et parce que moi-même, certaines fois, je ne l'ai pas fait, je ne me rendais pas compte alors de leur "utilité".

    Bonne journée et bonne semaine à vous deux, Calliprune et Godnat. Gros bisous.

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  4. Oui écrire dans les moments difficiles, apporter du réconfort on ne sait pas toujours faire. Moi même j'ai toujours la crainte de tomber à côté, de ne pas trouver les mots justes.. à méditer.
    Merci Françoise pour ta douceur et toutes tes petites visites sur mon blog..
    Bonne journée et gros bisous pour toi.

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  5. Bonjour, Françoise.
    Merci beaucoup pour cette émouvante édition.
    C'est dans la souffrace plus encore que dans la joie que lien avec autrui est primordial. Trouver les mots justes est sans doute difficile mais il faut faire cet effort.
    Tenter d'apaiser une souffrance ...

    Bonne journée pour toi, Françoise.
    Je t'embrasse fort.

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  6. Parfois in a peur d'écrire...on se sent un peu bête, un peu maladroit...
    merci de rappeler que un petit mot venu du cœur, pas d'une formule, fait tellement de bien...

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  7. Ce que je fais à chaque fois. Une lettre fait jaillir les mots du coeur, les souvenirs communs s'il y en a, les paroles de partage car la souffrance a besoin d'être dite on ne peut tout contenir soi-même et plus tard ladite lettre servira encore d'apaisement peut-être en sachant combien on est aimé.
    Bonne fin de journée

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  8. Je pense qu'il est vraiment important de dire son amour et son affection à une personne qui est dans la peine, même si l'on se sent maladroit. Les mots font tellement du bien.

    Bonne soirée à vous, et douce nuit.
    Je vous embrasse très fort.

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  9. Très touchant, c'est vrai on ne dit pas les mots qui peuvent rendre un sourire un regard heureux aux personnes qui nous sont chères, bien souvent par timidité.
    Bonne journée.
    Bisous

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  10. Oui, c'est vrai, Yvette. Et nous ne savons pas toujours quelle attitude avoir.
    Douce nuit à toi. Bisous.

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  11. Il y eut les salons de lecture de la Comtesse. Voici la réouverture du salon du clone Carl du Toit:
    http://fleursdepeau.blogspot.com/

    il n'y a pas là cohue, que des pas feutrés.
    Françoise, je vois souvent ton visage irradiant, cela vaut bien des mots.

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  12. Merci Karl. J'en viens. Toujours que des belles choses à lire et à voir là-bas.

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  13. Oui, ce n'est quand nous avons été dans la peine que nous pouvons mieux comprendre comme il est réconfortant d' avoir des témoignages d'affection, cela nous porte et nous donne vraiment beaucoup de réconfort de penser qe nous ne sommes pas seul.
    Je t'embrasse

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  14. Oui, Littlesun.
    Je t'embrasse fort, aussi.

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  15. J'ai écrit, écrit à défaut de pouvoir dire, et écrit encore.. peut être que je ne pourrai plus écrire et les mots se bousculent au bout de ma plume, comme des sanglots retenus.... envie de crier, de dire "je t'aimerai toute ma vie quelque soit la vie que tu as choisi"....
    Il le sait mes les autruches ne quitteront jamais le trou dans lequel elles s'entêtent à glisser leur tête.
    Je t'embrasse Françoise.
    Dur sevrage qui m'est imposé, qu'il s'est imposé.

    Infini qui pense à toi

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  16. Infini... je pense très fort à toi.
    Envoie moi un mail si tu veux en parler. Je suis toujours là pour toi, tu le sais.
    Je t'embrasse fort, aussi.

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  17. Merci. J'essayerai de me souvenir de cette lettre quand j'hésite, quand je trouve les mots, mes mots trop petits, bien maladroits....
    Douce nuit.

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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne