mercredi 23 juillet 2008

Souviens-toi

.

ainsi pour avancer sur la terre
nous suivons un rayon de lune
jusqu'aux heures à peine éveillées de l'aube
nous revenons pour partir encore

souviens-toi de la toute première rencontre

longeant des chemins infinis nous croyons
lire dans la terre à livre ouvert et elle
nous abandonne un reflet du visible

souviens-toi de ce que tu as oublié de voir

ainsi au fond de nos yeux
aucun mirage ne meurt aucun nuage
nul oiseau mémoire des êtres lieux choses

souviens-toi comme je frappais des pieds la terre

ainsi au fond de nos coeurs
nul deuil ne se fait nulle flamme
ne s'éteint nulle passion

souviens-toi quand j'ai tourné la lame contre moi

ainsi du bout de nos doigts naissent
des galaxies des sentiers étoilés de caresses
des points de suture pour nos âmes

souviens-toi de mon corps dans l'éclair du plaisir

ainsi sur les lèvres de chacun
pas un silence ne meurt pas une parole
et chacun contemple ce qu'il a oublié de vivre

alors souviens-toi
souviens-toi de ce qui eut lieu sans toi sans moi
souviens-toi du dernier et du premier poème
souviens-toi de ce que jamais je n'ai dit
des rêves que je ne raconterai pas
souviens-toi de mes colères quand réduite
en cendres je renaissais arbre femme oiseau
souviens-toi de mes vies vécues avant toi
des jours où je disparaissais
des jours où je reparaissais
souviens-toi de ton antique patience
des moments où la nuit nous tissait un suaire de nuit
souviens-toi de mes envols de mes chutes
de nos alarmes de nos rires de nos larmes
de ma part d'ombre et de lumière
souviens-toi de la faille oblique des regards
qui brillent dans les ténèbres

souviens-toi de l'absence à venir

Amina Saïd
La douleur des seuils,
Ed. la Différence, p. 119-120
La photo est de Jose A Gallego

9 commentaires:

  1. Bonjour, Francoise.
    ce poéme est une belle introspection, par le souvenir.
    Mais il est triste, par son dernier vers. Pourquoi ne pas écrire : souviens-toi de la présence à venir ?
    Merci, Francoise.
    Bisous pour toi

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  2. Bonjour Francoise ! Il est beau ce poème, mais comme le dit Herbert...il est triste, et il faut trouver à l'envers de ses phrases :
    que la vie reste unique, et dépend de ''comment'' on l'a dessine, suivant nos humeurs...
    Gros Bisous et Bonne fin de journée!

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  3. Oui, Herbert et Jaca, ce poème a peut-être une petite note triste, mais il est tellement beau. Un peu comme la chanson de Martyn Bates, quand je le lis, mot par mot, je suis émue...
    Bisous à vous deux.

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  4. Je ne me souviens que trop.
    Gros bisous ma Françoise.

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  5. Juste un bisou en passant pour te souhaiter une belle journée. Pas le temps de traîner sur le net en ce moment, ni de lire.
    A bientôt quand le calme reviendra.

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  6. Merci à vous tous pour vos visites et commentaires.
    Je n'aurai pas le temps de poster un nouveau billet, ni de passer chez vous, avant demain.
    Je vous souhaite donc un très bon début de week-end.
    Et je vous embrasse tous très fort.

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  7. Un p'tit coucou ma belle Françoise.. Profites bien de ton week end ensoleillé
    Bisous étoilés

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  8. je te souhaite un bon we aussi espérant que le soleil soit de la partie car pour le moment c'est pas gagne très brumeux sur la mer
    Mille bisous
    Barbara

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  9. Gros bisous petite étoile et Barbara.

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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne