lundi 26 mai 2008

La passion...

Un peu de lecture pour ce début de semaine ?
Et j'attends vos commentaires ou réflexions...

"Dans le choix de notre objet d'amour, même si notre intuition nous fait pressentir une souffrance possible, nous sommes fascinés par certains regards qui nous font revivre les sensations de notre enfance : nous retrouvons le même désir de séduire et de prouver nos capacités d'être aimés, mais aussi la même peur de ne pas être à la hauteur, la même attente anxieuse d'un acquiescement qui semble inespéré...
Il s'agit de rejouer encore et toujours la scène de notre enfance où une situation conflictuelle semble s'être nouée, de recommencer la même lutte, en apparence contre les autres, mais en réalité face à soi-même : nous nous mettons à l'épreuve alors même que nous croyons mettre l'autre à l'épreuve. Nous n'avons d'autre but que de nous prouver à nous-mêmes notre capacité de transformer un regard absent en regard attentif, un regard négatif en regard positif.
La passion relève de cette illusion : l'illusion d'une attente enfin récompensée, l'illusion de transformer le purgatoire de notre passé en paradis, et de combler ainsi pour toujours une sensation de vide douloureuse à porter. Le nouvel objet investi du pouvoir d'apporter cette fois-ci avec certitude amour et reconnaissance ne peut que prendre une place très privilégiée. Dans son regard, nous nous sentons enfin aimables, remarquables, uniques, irremplaçables... nous l'avons choisi pour ce qu'il nous procure, nous en avons fait le don de nous-mêmes pour mieux nous faire aimer.
Mais attention à la disparition de ce miroir valorisant, qu'il n'entraîne pas avec lui notre disparition tout entière ! Après la sensation d'une communication parfaite, survient la faille : la différence, l'impossibilité, l'éloignement. Si nous ne pouvons alors renoncer non pas à l'autre tel qu'il est, mais à l'autre idéal, tel que nous avons voulu le voir, nous allons revivre toutes les différences, toutes les impossibilités, tous les éloignements dont nous avons déjà souffert. Le manque de l'autre devient le manque à être, son absence crée une insupportable sensation de vide, son changement de regard entraîne un bouleversement de notre propre image.
Et plus cet autre est investi d'une attente qui le précédait, plus grand est notre manque à combler, plus fort est ce lien de dépendance. Pris de passion, notre situation est comparable à celle d'un prisonnier focalisé sur des barreaux qu'il s'est créés, incapable dans ces conditions de voir la porte restée ouverte derrière lui.
La passion apparaît alors comme le choix pathologique d'un tortionnaire ; elle met, comme l'indique son sens étymologique, en condition de souffrance. Elle réveille, après les avoir apaisées, les douleurs les plus profondes, elle met à nu pour les avoir exposées les zones les plus fragiles. Elle offre le talon d'Achille au bon vouloir de l'être élu.
La passion en ce sens est une maladie : celui qui croit avoir la sensation de n'avoir jamais été autant lui-même, subit en réalité une situation de fragilité. Et il possède l'illusion de se dépasser, alors qu'il est au contraire totalement dépassé par ce qui lui est donné à vivre : il est emporté par des sentiments qui le submergent, sentiments d'autant plus forts qu'ils ne sont que la répétition d'une situation déjà passionnelle qu'il répète pour n'en être pas encore libéré."

Aime-toi, la vie t'aimera de Catherine Bensaïd,
Ed. R. Laffont, 1992, p. 53-54-55

19 commentaires:

  1. Houla !!!! (O.O) (Ca se sont mes yeux exorbités.. lol)...

    Première impression : en lisant ce texte, au tout début, je me suis dit "ah, encore une qui pense réinventer la poudre en nous ressortant les grandes théories freudiennes revisitées et remaniées pour faire vendre".. (oui il faut dire que c'est porteur comme thème)... Et puis j'ai vite réalisé que ça va beaucoup plus loin, car cela démonte le mythe même de la passion... Oui, cette belle et douce passion, à l'origine en effet de tant de joies et d'euphorie, mais aussi de tellements de déceptions, de maux, de souffrances, pouvant mener à l'ultime fin, la mort de l'âme, et de l'être tout entier...
    Sur tous ces points je rejoins madame Bensaïd, même si ça fait mal de se l'avouer...

    La passion est séductrice mais aussi trompeuse... Peut-être le "côté obscur" de l'amour???

    En tout cas ça fait ... de l'effet... une véritable claque... D'autant plus que, dans ce cas, je me sens vraiment en lieu et place des potentielles victimes de ce sniper sournois...

    Pas d'autre remarque, ni de réflexion en rapport à ce sujet... Je me contente juste de rapporter ce qui est, ou fut...

    Dur


    PS : j'ai remarqué qu'on pouvait mettre son petit nom en haut alors j'en profite...

    Bonne journée.

    Alain

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  2. J'ai lu et relu ce texte si vrai. la passion aveuglante qui nous rend plus beau, plus belle. Que cette passion disparaisse et l'on se sent moins que rien. Son image à travers le regard de l'autre est tellement truquée, que si le regrad de l'autre disparait c'est un peu comme si nous avions brisé le miroire. Plus rien ne nous reflète la belle image que nous renvoyait l'autre (ou du moins que nous interprétions ainsi), nous renvoyant à l'image que nous avios de nous même à l'origine. C'est une quète permanente de l'acquiescement de l'autre sous forme de défi qu'il faut à tout prix relever et gagner au risque de perdre toute estime de soi.
    Il y a aussi comme le dit si bien ce texte, l'idéalisation de l'autre. ne dit-on pas "L'amour rend aveugle"?
    C'est certainement ce qui est le plus difficile à modifier : "Et plus cet autre est investi d'une attente qui le précédait, plus grand est notre manque à combler, plus fort est ce lien de dépendance. Pris de passion, notre situation est comparable à celle d'un prisonnier focalisé sur des barreaux qu'il s'est créés, incapable dans ces conditions de voir la porte restée ouverte derrière lui.".
    Merci pour ce très beau texte.
    ...

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  3. Oh My God Françoise ! C'est une dissertation qui s'impose pour répondre, je vais quand même essayer en quelques lignes :

    - le choix de l'objet d'amour ? Je t'avoue que lorsque je l'ai choisi je ne me suis pas posé autant de questions ! C'était le plus beau, le plus gentil, le plus, le plus, le plus ! C'était un Dieu (pourquoi est-ce que j'écris ce truc au passé ?). J'étais amoureuse, c'était exaltant !

    - désir de séduire ? L'ai-je encore ? Sans doute que oui, ne serait-ce que parce qu'en public on se doit d'aller toujours bien et se montrer sous son meilleur jour.

    - la passion relève-t-elle d'une illusion ? Je n'en sais rien ; j'ai lu quelque part qu'il ne s'agissait que d'une vulgaire affaire d'hormones (paf, crac, boum... désenchantement dans les chaumières !). Il paraît aussi que le sentiment amoureux (tu sais, celui qui rend complètement loufoque) n'aurait qu'une courte durée (3 ans, c'est la norme qu'ils ont dit !).

    Voilà, je m'arrête là car il me faudrait 10 pages pour m'exprimer, je vais donc m'en tenir là sans avoir répondu à tout !

    Bonne journée Françoise, je m'en vais préparer un petit plat pour Monsieur l'Objet de mon amour !

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  4. Ma réflexion porte sur cet extrait et non sur son auteur. Je n'ai pas le temps de développer, je vais seulement esquisser mon argumentation.
    Si je devais attribuer une médaille, ce serait le bonnet d'âne.
    En dehors du manque de relief affligeant du propos (mâtinè ça et là de références judéo-chrétiennes et donc non universelles) , où le creux ressemble à du plat et le plat à une montagne, ce qui me gêne le plus est la généralisation, plaie ô combien répandue de nos jours.
    Comment nier à ce point l'extraordinaire diversité génétique et environnementale?
    Qui, et de quel droit, peut dire que de toutes les fleurs les roses sont les plus belles?
    L'assassin a-t-il son portrait robot, unique et immuable?
    Où se trouvent les nuances infinies de l'arc-en-ciel?
    Si encore il s'agissait d'un cas d'école, documenté et détaillé...
    D'école, ce texte n'a que l'aspect d'une récitation ânonnée comme une vérité au peuple non pensant.
    Comme si la vérité était une...
    Ah! Maître Lao-Tsou, où êtes-vous?

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  5. c'est le club des fleurs bleues ...?

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  6. Françoise, mon commentaire exprime le rejet de toute pensée se prétendant universelle.
    Ce texte présente peut-être des accents de vérité chez certains, pas chez moi.
    La vérité du plus grand nombre (si tant est le cas, ce qui reste à démontrer) n'est pas la vérité de tous ( si tant est qu'elle existe).
    Naturellement cela n'influe en rien l'affection que je te porte, étant bien plus attaché à la liberté de pensée et d'action que ceux(ou celles) qui prétendent mettre en boîte, par un texte aussi "érudit" soit-il, la complexité de la nature humaine, complexité qui visiblement les dépasse.

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  7. Bien sûr, Rom, comme je te l'ai dit chez toi, chacun a le droit de s'exprimer et c'est tant mieux ;-)

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  8. Et moi, je serai sans réflexion sur un texte qui en mérite beaucoup.
    Il n'empêche.
    Je me regarde dans un miroir.
    Et je me vois. C'est déjà beaucoup.
    Mais pas assez pour me plaire.
    C'est peut-être le signe d'un aveu qui se dispense de miroir pour se voir de face. Ou en face, comme on voudra
    Bisous pour toi

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  9. Ben alors Herbert ? Tu es très bien comme tu es !

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  10. Françoise .. Fort heureusement, chacun a le droit de s'exprimer, tu as bien raison de le rappeller... Mais dans l'expression de chacun, il peut y avoir des dérapages et des choses qui ne passent pas... Et puisque l'expression est le droit de chacun, je réclame ce droit ici même...

    Pour ma part, le "peuple non pensant" passe plutôt mal...

    Si certains "érudits" se complaisent à vouloir rejeter "toute pensée se prétendant universelle", pour ma part je n'apprécie pas que ces érudits viennent me dicter à moi, homme du peuple, ma façon de faire, ou de penser...

    Je n'admets pas que d'un côté un système mercantile et subversif au possible vienne me lessiver la tête afin de m'obliger à "consommer" (que ce soit produit de consommation grand public ou pseudo littérature), mais j'en ai tout autant à l'égard du "penseur qui viendra me dire que ce produit "c'est mal" et que, parce que lui le pense à ma place, forcément, je ne dois pas "consommer" ce produit ou cette littérature, ou me retrouver dans telle ou telle oeuvre... ou telle ou telle pensée (ou pseudo pensée...)

    Quel paradoxe de parler ainsi de "diversité génétique et environnementale" ou des "nuances infinies de l'arc-en-ciel" pour en arriver à cet horrible état de fait. Et en rejetant avec une telle véhémence "toute pensée se prétendant universelle", ne faites vous pas de votre propre pensée la seule vérité universelle? Ce qui me parait un peu (beaucoup) présomptueux non?

    Le fait de scander haut et fort le nom d'un grand personnage, un "maître à penser", ayant (ou non) existé il y fort longtemps dans une lointaine contrée d'Asie, ou d'autres auteurs illustres tels Hugo et Lamartine, donne-t-il le droit de s'instituer aussi explicitement "au-dessus-de", tel que l'exprime l'objet de votre mépris cité en ces termes de "peuple non pensant"? Vous qui exécrez avec autant de hargne ces personnes qui font de tout constat une généralité, n'êtes-vous pas ici en train d'apposer le pire des amalgames en associant "peuple" et "absence de pensée"?

    Je suis un homme du peuple cher monsieur, et je ne m'arroge pas le droit de détenir la vérité absolue sur tout et sur rien, mais ne m'enlevez pas mon droit à penser, et ce, quelles que soient mes facultés à le faire et mon niveau d'érudition très certainement bien inférieur au votre je l'admets, mais je vis fort bien ainsi.

    L'homme du peuple s'est soulevé (sic), si cela ne change pas grand chose, cela aura au moins permis de m'apaiser, mais surtout de renverser un fond de tasse de café subsistant de cet après-midi, heureusement ailleurs que sur mon clavier...

    Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée, pensante ou pas...

    Cordialement.

    Alain

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  11. Eh bien ! quels passionnés vous êtes !...
    C'est normal après tout, le thème, c'était bien... la passion, non ?... ;-)

    Bon, demain, je mettrai un thème plus... apaisant ;-)

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  12. Je n'ai vraiment aucune opinion sur la passion, je suis peut être aussi un peu lâche, car je n'aime pas souffrir, et ça me pousse à réfréner mes élans.

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  13. Exactement, oui.
    Pourquoi fuir ce qui peut devenir un désir sans en avoir l'air, la chanson?
    Chacun peut avoir une raison de se dire que le chemin est sans croix, mais moi, je ne le crois pas rectiligne.
    Bisous beaucoup pour toi.

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  14. Bonsoir Alain,

    Premièrement, mais vous ne pouviez pas le deviner, Maitre Lao-Tsou (Là-Haut Dessous) est une bouffonnerie que j'ai inventée pour un billet d'humour sur mon blog;-)
    Maître Là-haut Dessous enseigne à ses élèves qu'il y a ni Dieu ni maître, ni professeurs ni élèves.
    Je n'ai ni Dieu, ni Maître et ni curé, ni psy (les nouveaux curés de l'ère moderne).
    Ensuite, vous m'avez mal lu puisque je défends justement la position selon laquelle il n'existe pas de vérité absolue, universelle.
    Vous avez votre avis, j'ai le mien et nous l'exprimons, c'est très bien ainsi.
    L'important est d'utiliser le "Je", je pense ceci, vous pensez cela.
    J'ai peut-être tort, vous avez peut-être raison.
    Mais s'il vous plait, arrêtons de laisser les autres penser à notre place. Je n'ai pas la prétention de détenir la vérité, bien au contraire! mais je détiens la mienne et j'interdis à quiconque de me la dicter!
    La seule chose que je prône c'est la liberté totale de pensée, pensez bien, pensez mal, mais pensez.
    Vous avez donné votre point de vue et c'est très bien.
    Pourquoi vous sentir attaqué? vous ne l'étiez pas, pas plus que Françoise.
    Seul l'était ce texte et ceux (ou celles) qui s'efforcent d'ériger leurs théories en dogmes.
    Je fais partie du peuple, comme vous.
    Je suis loin de croire que je suis bien pensant mais je suis pensant, comme vous l'êtes.
    Et je vous promets que mon érudition est bien faible ;-)
    Pardon si je me suis montré maladroit.

    Mes salutations amicales.

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  15. La passion qui nous brûle... Ne pas se sentir à la hauteur.. Oui, j'évite la passion, en amour... Peut-être la jeunesse passée ?

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  16. Pour Rom,

    Bonsoir, je reprends ici vos mots :
    "Vous avez votre avis, j'ai le mien et nous l'exprimons, c'est très bien ainsi."
    Et vous avez raison... Et en l'occurrence votre avis et le mien se rejoignent sur pas mal de points, je n'ai même pu m'empêcher de rire en lisant cette comparaison entre curés et psys...

    En fait, je réalise que j'ai commis l'impair de généraliser, à partir de mots sortis de leur contexte ... "peuple non pensant" ... c'est vrai que ces mots m'ont choqué... Et d'un autre côté pour bien comprendre cette "envolée" il faudrait connaître le passé, et passif de chacun... et le pourquoi de ma généralisation apparaitrait bien évident...

    Une autre remarque, nous touchons ici les limites de la communication écrite dans le cadre d'un blog/forum... Les "esquisses" de pensées écrites par ce biais ne peuvent exprimer tout ce que nous ressentons et voulons faire passer comme message. Cette communication reste superficielle, et bien souvent, une même conversation face à face, autour d'un bon repas ou un verre à la main n'aurait sûrement pas les mêmes conséquences...

    Pour terminer, vous avez sans doute été un peu maladroit dans cette expression, et j'ai tout autant été maladroit dans ma manière de réagir... Mais le plus important est d'avoir pu lever ce malentendu et d'ailleurs, merci d'avoir pris de votre temps pour m'adresser ce mot.

    Comme je vous l'ai déjà dit, je vous rejoins sur plusieurs points, et en particulier sur celui de ne pas laisser les autres penser pour nous... Ceci est d'autant plus important car je trouve, qu'en cette époque troublée, les donneurs de leçons sont légions, et de tous bords... Ce qui les rend encore plus difficile à discerner dans certains cas...

    Je vous souhaite une très bonne soirée et j'irai à l'occasion parcourir votre blog afin d'en apprendre un peu plus sur vous et cette bouffonnerie que vous citez dans votre mot.

    Cordialement.

    Alain

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  17. Bonsoir Alain
    N'ayant aucun goût pour la polémique, je me réjouis du contenu de votre réponse et du calme retrouvé sur ce blog; Françoise ne méritait pas cela.
    Cordialement.

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  18. Hier soir, chez moi, il y a eu un gros orage (véridique). J'ai eu peur qu'il ne casse tout, mais ce matin, le soleil est de retour.

    Merci à vous tous, mes ami(e)s, de vos visites et de vos commentaires toujours aussi passionnants et passionnés...
    Je vous embrasse fort. Bonne journée à vous.

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  19. une merveilleuse journée
    de
    coeurdenfant

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    et nouveau.....


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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne