lundi 17 mars 2008

Le bon usage de la lenteur

(...) La lenteur n'est pas la marque d'un esprit dépourvu d'agilité ou d'un tempérament flegmatique. Elle peut signifier que chacune de nos actions importe, que nous ne devons pas l'entreprendre à la hâte avec le souci de nous en débarasser. Mais quoi, une vie n'est-elle pas, dans son immense part, composée de tâches insignifiantes ? Christian Bobin nous avertit du contraire - et si nous lui donnons raison, nous aurons à vivre autrement : " Il faudrait accomplir toutes choses et même et surtout les plus ordinaires, ouvrir une porte, écrire une lettre, tendre une main, avec le plus grand soin et l'attention la plus vive, comme si le sort du monde et le cours des étoiles en dépendaient et d'ailleurs il est vrai que le sort du monde et le cours des étoiles en dépendant. " A la vérité, nous nous engageons plus que nous ne le pensons dans le cours ordinaire de nos actions : ouvrir une porte nous permet de passer du dehors au dedans, d'une pièce à une autre pièce, et de nous laisser saisir par d'autres cieux. Quand j'ouvre les volets, si ma maison en est pourvue, j'accepte que le monde vienne à moi, je lui adresse un signe d'amitié, je l'assure que nous ferons un bout de chemin ensemble, que nous chercherons à ne pas nous montrer déplaisant l'un à l'égard de l'autre. Si je prête ma main distraitement, c'est parce que je me plie à une vague et noble forme de politesse et qu'autrui existe à peine à mes yeux. (...)

Pierre Sansot
Du bon usage de la lenteur, Éd. Payot & Rivages, 1998, p. 97

6 commentaires:

  1. Je suis Pierre Sansot depuis son fameux livre consacré à la poétique de la ville.
    Je suis mal placé (étant méditerranéen du Sud) pour faire l'éloge de la lenteur qui n'est qu'un autre rythme de vie (plutôt adagio)!
    Chez-moi on dit que ceux qui sont pressés sont déjà au paradis...

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  2. bonsoir Françoise.... Quand je marche, je marche en appréciant ce que je fais... je me mobilise sur ma respiration, sur mes pas... quand je mange, j'essaie, je dis j'essaie car ce n'est pas toujours évident de penser à ce que je mange, d'en prendre pleinement conscience...J'espère que tu as passé un bon week-end...bises

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  3. Bonjour, Francoise et merci pour ton message si gentil.
    Une porte qui s'ouvre ne veut rien dire s'i elle n'est pas franchie, pour aller dans un sens ou dans l'autre, vers le connu ou l'inconnu...
    Bisous et a bientôt

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  4. Ça c'est un texte pour moi.... Je suis quelqu'un de lent... et voire, davantage, limite contemplatif... Je vais même jusqu'à regarder le temps passer, et je le "vois"... je l'entends, il a un bourdonnement très particulier... le temps qui passe..

    Bonne journée et gros bisous?

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  5. J'aime beaucoup Françoise Hardy.

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  6. Je m'échappe de mon boulot un petit moment, et miracle... j'ai trouvé une petite porte "ouverte" pour arriver jusque là... ;)

    En fait, moi aussi, Mathilde, je suis très lente. Pendant longtemps, j'en ai été complexée, et maintenant, je pense au contraire que c'est une qualité... prendre le temps, c'est essentiel...

    Je n'ai pas lu "la poétique de la ville" Too banal. J'ai pris "Le bon usage de la lenteur" à la médiathèque, je découvre un peu ce philosophe, je l'avoue...
    "Ceux qui sont pressés sont déjà au paradis" ?... autre philosophie de la vie ;)

    Oui Loula, prendre conscience, avoir du plaisir dans chaque mouvement, prendre le temps d'apprécier, et comme je le dis souvent, prendre le temps d'écouter, d'observer...

    Tu n'as pas tort Herbert, si l'on ouvre juste la porte et qu'on ne la franchit pas, ça veut dire que l'on peut rester longtemps sur le seuil, et rester dans l'immobilisme, je le conçois...

    Coucou à toi Titie et merci de ta visite.

    Bonne continuation à vous tous. A ce soir. Je reprends mon travail, ce n'était qu'une petite pause... :)

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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne