jeudi 27 mars 2008

Mon coeur

Peinture : John William Waterhouse

Mon coeur, tremblant des lendemains,
Est comme un oiseau dans tes mains
Qui s'effarouche et qui frissonne.

Il est si timide qu'il faut
Ne lui parler que pas trop haut
Pour que sans crainte il s'abandonne.

Un mot suffit à le navrer,
Un regard en lui fait vibrer
Une inexprimable amertume.

Et ton haleine seulement,
Quand tu lui parles doucement,
Le fait trembler comme une plume.

Il t'environne ; il est partout.
Il voltige autour de ton cou,
Il palpite autour de ta robe,

Mais si furtif, si passager,
Et si subtil et si léger,
Qu'à toute atteinte il se dérobe.

Et quand tu le ferais souffrir
Jusqu'à saigner, jusqu'à mourir,
Tu pourrais en garder le doute,

Et de sa peine ne savoir
Qu'une larme tombée un soir
Sur ton gant taché d'une goutte.

Albert Samain (1858-1900)
(Recueil : Au jardin de l'infante)

6 commentaires:

  1. Exces de sensibilité... je connais
    Je t'embrasse bien fort petite Françoise

    Barbara

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  2. Merveilleux poème
    je crois fortement que la sensibilité est au plus profond de chacun
    parfois un coeur qui semble endurci est signe d'une sensibilité extrème qui se protège

    bisous et bonne journée Françoise

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  3. Bonjour, Francoise.
    Je suis toujours certain le matin d'entendre le son du violon et sa fragilité.
    Merci beaucoup. Et merci aussi pour ta visite chez Néruda..
    Bonne journée.
    Bisous pour toi...

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  4. je suppose qu'Herbert compare les battements de son coeur au son du violon !! c'est très bien dit !!!
    J'ai relu plusieurs fois ce poème... il est plein d'émotion...

    D'autre part, je suis allée un peu plus bas sur ton blog pour retrouver le poème de Neruda... il était en français, et j'ai réussi !!! quel exploit !!! à le retrouver en espagnol sur Internet...il chante mieux à mes oreilles !!!
    des bisous mouillés par la pluie qui ne nous quitte pas

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  5. vJe n'arrête pas de lire qu'il pleut chez vosu , alors, je vous envoie à tous quelques beaux rayons de soleil d'un printemps tout neuf. Ils ne réchauffent pas tellement (même en courant à midi, ils ne m'ont pas suffit pour transpirer), mais c'est tellement bon...
    Courage, le beau temps est à nos portes!

    Barbara

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  6. Qu'est-ce que j'aime vous lire le soir, tranquillement...
    Merci à vous tous. Je vous embrasse fort.

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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne