J'ai tant rêvé de toi
que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser
sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ?
J'ai tant rêvé de toi
que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine
ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années,
je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi
qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi,
la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi,
tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu'il ne me reste plus peut-être,
et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos
Tout simplement magnifique...merci pour ces mots d'un grand dadaiste-suréaliste qu'était Desnos...
RépondreSupprimerL'amour est tellement inspirateur de belles choses, que tout le monde, lorsqu'il est amoureux, est capable de merveilleux écris...
Bonne journée
Barbara
Moi aussi je dis magnifique , c'est tellement vrai !
RépondreSupprimeret tu l'as bien illustré avec la peinture de Klimt.
Merci Barbara et Nath ! En même temps que vous, je découvre des poèmes, des peintures. Finalement, lorsqu'on a un blog, on fait beaucoup de travail de recherches, on découvre, et j'adore !
RépondreSupprimerGros bisous à vous deux.
que ferions nous sans amour? que serions nous sans les poèmes? en tous cas,celui là est merveilleux et je t'avoue que je n'avais aucune idée sur le poète
RépondreSupprimerTout comme toi Moghrama, j'ai découvert Robert Desnos depuis peu, et j'aime sa façon d'écrire. Je mettrai d'autres de ses poèmes bientôt.
RépondreSupprimerBonne journée.