lundi 7 janvier 2008

Envolés les oiseaux

Peinture : J.M. Folon

Envolés, les oiseaux,
portés par la respiration du monde
dans l’étonnement de l’azur
Un grand déferlement de voix pures, là-haut,
Là-haut
Éclats du temps,
rêve mystique
La délivrance est musique et splendeur
On dépasse le chaos
On s’ouvre à d’autres innocences
et nos élans intérieurs
enfin déploient leurs ailes

Envolés, nos désirs,
vers quel inaccessible jardin
où les arbres n’ont pas d’attache
où les plantes chantent la liberté
Jardin aux franges d’infini
ouvert à tous les pollens,
aux saveurs douces-amères des fruits lointains

Dure sera la chute,
si violente que les larmes se tarissent
Les mots sont comme des pierres
blessantes et meurtries
On essaie de franchir la frontière
Mais les barbelés sont en nous
Rivés, figés,
nous ne parvenons plus à prendre notre envol

Et voici qu’à nouveau on s’élève, on renaît
On peut dire le vent
qui nous entraîne au-delà des marais
vers le miracle du soleil

On peut dire la nuit féroce
pour ne pas oublier
le souffle de la bête
la dure loi du monde

Dire l’herbe
pour vivre encore un peu
dans l’éblouissement végétal

Aucune chute, jamais,
n’arrêtera le cycle de l’envol

Colette Gibelin
Souffles et songes, Sac à mots, 2005,
in L’Année Poétique 2005, Seghers, 2006, pp. 85-86.
Anthologie présentée par Patrice Delbourg et Jean-Luc Maxence.

8 commentaires:

  1. Superbe poème jusqu'à la pointe des ailes ! Lyrisme et optimisme contagieux!
    Too banal

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  2. Un poème très beau..
    bisous a toi

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  3. Magnifique poème qu'on lit dans un souffle... Merci pour cette découverte.
    Bonne soirée.

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  4. Sublime!
    "Aucune chute n'arrêtera le cycle de l'envol"
    Tout est dit
    Voilà le poème que j'aurais aimé trouver
    mais la petite dénicheuse de trésors était déjà passée lol

    Merci à Toi Françounette pour nous avoir fait découvrir ce bijou

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  5. j'aime beaucoup le tout dernier vers ,c'est ce que je ressens exactement en ce moment ..merci françoise d'interpeller toujours nos âmes d'une si belle façon .je t'embrasse tendrement

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  6. Bonsoir, Françoise.
    Ces deux très beaux poèmes ( " Toi et moi","envolès les oiseaux" )délivrent des messages d'amour pour le moins différents .Il suffit de trouver le point d'équilibre...qui bouge sans arrêt.
    C'est ce qu'on peut appeler "le jeu des contraires".
    A très bientôt.

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  7. Merci de tes passages chez moi...
    Très beau poème que tu me fais découvrir.
    C'est un plaisir de partager d'aussi beaux poèmes, donc pas de problème, ce n'est que tu plaisir en partage!
    Moi aussi je trouve les poèmes D'Amina Saïd d'une beauté incroyable...

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  8. Merci à vous tous pour vos nombreux commentaires. Ce poème vous a plu, et j'en suis ravie.
    Je l'ai trouvé sur un livre pris à la bibliothèque. J'ai mis les références sous le nom de l'auteur.
    Je vous remettrai d'autres poèmes tirés de ce livre. Il y en a encore de magnifiques...
    Bonne soirée à vous.

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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne