mardi 26 février 2008

Un arbre

Pendant que je t’aimais dans les hauts de la ville
Un frêne, tendre et dur, creusait ses reins au vent
Arqué contre la nuit de tempête et d’argile.
Fondant fief et le sol face au ciel dérivant.

Ma joie, d’un même élan, redécouvrait sa force
Je te ployais avant que d’être ainsi ployé
Et pendant qu’à la vitre octobre ruisselait
Des houles, des forêts, irriguaient notre écorce.

Le temps passe, la neige arrive au bout de l’an
Ton corps terrible et doux fait soleil sur ma pierre
Un jour je serai frêne et toi nuage blanc
L’un à l’autre tressés, l’un l’autre gémissants
Dans le creuset fumant des moiteurs de la terre.


Luc Bérimont
Le Printemps des poètes, Ed. Seghers, Paris 2004, p. 25

8 commentaires:

  1. Sublime cette poésie!
    Bonne journée.
    Bisous

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  2. Too Banal:
    Voilà un test à la Tournier:

    "Le test de l'arbre. Pour déceler la psychologie du « sujet », on lui demande de dessiner un arbre. C'est là que commence le suspens, car il n'y a pas deux arbres identiques, aussi bien dans la nature que sur le papier.


    Commençons par les racines. Certains « sujets » omettent purement et simplement de les dessiner. Si on leur fait remarquer leur oubli, ils répondent que l'arbre cache ses racines dans la terre et qu'il ne faut pas faire comme l'enfant qui n'oublie pas de dessiner le nombril du bonhomme habillé qu'il dessine. On peut se satisfaire de cette explication. Mais on peut égale­ment définir la nature de la racine, élément nocturne, tellurique, qui assure obscurément à l'arbre à la fois sa nourriture et sa stabilité. Gaston Bachelard allait encore plus loin et voyait dans la racine une étrange synthèse de la vie et de la mort, parce que, inhumée comme un défunt, elle n'en poursuit pas moins sa puissante et secrète croissance.


    On comprend dès lors que s'il y a des hommes- racines, qui dans leur dessin privilégient le niveau souterrain de l'arbre, d'autres s'en détournent au contraire instinctivement.


    Sans doute accorderont-ils leur préférence au tronc. C'est l'élément vertical de l'arbre, celui qui symbolise l'élan, l'essor, la flèche dressée vers le ciel, la colonne du temple. L'homme d'action doué d'une dimension spirituelle se reconnaît dans cette partie de l'arbre. Il y a autre chose. Le tronc ne fournit pas seulement le mât du navire. C'est lui qui donne le bois, matériau de la planche, de la poutre, du billot. Sa couleur, ses lignes, ses noeuds et même son odeur parlent puissamment à l'imagination.


    Mais toute une catégorie d'hommes et de femmes ne se reconnaissent que dans les branches horizontales et leur feuillage. C'est le poumon de l'arbre, les mille et mille ailes qui battent comme pour s'envoler, les mille et mille langues qui murmurent toutes ensemble quand un souffle de vent passe dans l'arbre. Au demeurant, ramage signifie à la fois chant et entrelacs de rameaux.


    Ainsi chaque arbre rassemble les images des trois grandes familles humaines : les métaphysiciens, les hommes d'action et les poètes. Et il nous apprend en même temps qu'ils sont solidaires, car il ne peut y avoir de frondaison sans tronc, ni de tronc sans racine. "


    Michel Tournier, Petites proses, Folio.

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  3. Bonjour, Françoise.
    Comme tous les matins, je me laisse bercer par les mots que tu sais si bizn trouver dans cet immense océan de la poésie..
    Merci pour tout , Francoise, et à plus tard.
    Bisous.

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  4. Je te dis bonsoir, Francoise.
    Comme d(habitude, tu te coucheras quand sonnera minuit.
    Je serai alors avec les fantômes du sommeil.
    Dors bien.
    A demain
    Bisous,bisous etc...

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  5. Elle est belle cette poésie, n'est-ce pas Tigwenn, je l'aime beaucoup moi aussi.

    Merci Too banal pour ce texte de Michel Tournier, il est très intéressant, et comme je disais là-bas, je me retrouve dans le 3e groupe, tout en étant consciente que j'ai besoin des 1er et 2e, qui forment avec le 3e cet ensemble solidaire dont parle M. Tournier. Nous avons tous besoin les uns des autres. Si seulement les gens en étaient conscients...

    Comme tu me connais bien Herbert... oui, je suis une couche-tard... quoiqu'hier, c'était un peu plus tôt :)
    Merci pour ta visite du matin, merci pour ta visite du soir. C'est gentil à toi.

    Passez une belle soirée et une douce nuit. Bisous.

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  6. Si les bisous étaient de l'eau , je te donnerais la mer, Si les câlins étaient des feuilles je te donnerais un arbre, Si la vie était une planète je te donnerais une galaxie, Si l'amitié était la vie , je te donnerais la mienne. C'est la semaine de la famille et des meilleurs ami( es). Envoies ce message à ceux que tu considères comme des amis, à moi si j'en fais partie. S'il te revient plus de 3 fois tu es quelqu'un d'adorable. Gros bisous ma belel Françoise

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  7. Moi aussi j'aime beaucoup ce poème et quand j'aime je le relis à haute voix (devant l'œil inquiet du chien) pour vérifier qu'il 'sonne bien' parce que pour moi la poésie c'est aussi une affaire de son.

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  8. C'est vrai que c'est aussi une histoire de son. Un poème lu à haute voix lui donne parfois un autre sens, une autre dimension, une autre saveur.
    Bonne journée Bernard

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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne