samedi 19 janvier 2008

La femme des longues patiences


Dans les sèves
Dans sa fièvre
Ecartant ses voiles
Craquant ses carapaces
Glissant hors de ses peaux

La femme des longues patiences
se met
lentement
au monde.

Dans ses volcans
Dans ses vergers
Cherchant cadence et gravitations
Etreignant sa chair la plus tendre
Questionnant ses fibres les plus rabotées

La femme des longues patiences
se donne
lentement
le jour.

Andrée Chedid

8 commentaires:

  1. Mais il ne faut pas que cette patience se transmue en sacrifices à perpétuité! Il ne faut pas oublier de vivre...
    Too Banal

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  2. j'aime beaucoup andrée chédid ,j'ai lu "l'enfant multiple",unt rès bon roman..ce poème est très beau aussi ,merci françoise de me le faire découvrir et bon dimanche

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  3. Bonjour Françoise,

    Faut-il préciser que la plupart des qualités féminines nous ramènent à cette faculté d'amour?

    Qui ne voudrait pas dire que les hommes en sont dépourvus. C'est la différence, très subtile différence....

    Très beau poème et auteur que je découvre. Merci à toi et Bon WE.

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. Coucou Françoise
    Quel beau poème la naissance de la femme patience ...métamorphose lente...de la carapace au plein épanouissement
    J'aime également andrée Chedid
    Bon dimanche à toi

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  6. Merci de vos visites Too banal, Moghrama, Mathilde et Lysounette.
    Hier, à la médiathèque, j'ai pris un livre de poèmes d'Andrée Chedid, elle en a écrit de vraiment très beaux. Je vous en remettrai.
    Bonne soirée à vous quatre.

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  7. Je crois que je n'ai pas la même vision que vous de ce poème.
    "Si la poésie n'a pas bouleversé notre vie, c'est qu'elle ne nous est rien. Apaisante ou traumatisante, elle doit marquer de son signe; autrement, nous n'en avons connu que l'imposture." Pour ma part, je prend la part traumatisante de ce poème alors que vous prenez la part apaisante. Peut-être que les deux sont bonnes à prendre, ou que j'ai mal vu en voyant la part traumatisante.
    En lisant ce poème, j'ai vu immédiatement une femme désespérée voulant se donner la mort. Ou plutôt... qui en voulait à son.. appareil génital, et qui voulait le détruire. "Craquant ses carapaces / Glissant hors de ses peaux / La femme des longues patiences / se met / lentement / au monde" pour moi, ceci représente une femme qui "farfouille" dans ses entrailles et les arrache, d'où sa propre mise au monde. "Cherchant cadence et gravitations / Étreignant sa chair la plus tendre / Questionnant ses fibres les plus rabotées / La femmes des longues patiences / se donne / lentement / le jour." Et cette partie de même, sa chair la plus tendre, la plus intérieure, ses fibres les plus rabotées, l'images est pour moi celle des fibres intérieures. Le "lentement" qui entrecoupe "se donne" "le jour" ou "se met "au monde" signifierait que la douleur est tellement intense que le temps paraît infini.
    Peut-être ai-je une vision trop noire de ce poème. Quand on sait qu'Andrée Chedid écrit pour "faire l'éloge" de la vie, ce poème n'a sûrement pas cette signification-là. Mais c'est ainsi que je le vois, et la poésie touche qui elle veut, comme elle veut.
    Bonne journée.
    Amélie.

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  8. Bonsoir Amélie,
    Oui, comme le dit votre conclusion, la poésie touche qui elle veut, comme elle veut.
    Chaque poème est lu et interprété d'une façon différente selon sa vision de la vie à l'instant où on le lit. On y voit soit le côté lumière, soit le côté ombre.
    En tous cas, je vous remercie infiniment pour votre commentaire, qui est vraiment très intéressant et très riche.
    Belle soirée à vous.

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Laissez moi des petits mots,
j'aime tant les lire... :-)

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FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne